Ballottée par les vagues elle découvre le mal de mer
P'tite goutte regrette déjà son ruisseau natal
Au milieu des flots lui vient un sanglot amer
Pour une goutte d'eau, être misanthrope c'est pas banal
Ecrasée par ses pairs, emmenée par la tempête
P'tite goutte s'en va au large sans espoir de retour
Usée par le roulis, elle ne se sens pas prête
Elle veux revoir sa campagne, et ses champs en labour
Puis le ciel s'ouvre enfin, révélant le ciel d'azur
Elle reprend ses esprits dans le calme d'une mer d'huile
Et soudain sans effort elle monte dans l'air pur
Le soleil tapant dur rend la chose plus facile
La voilà survolant ses collègues de galère
Dans le souvenir vivace d'une mer déchaîné
Mais encore plus haut, elle continue dans l'air
Et commence à croiser des mouettes déplumées
De nouveau plus nombreuses les gouttes sont tassées
P'tite goutte, d'un nuage devient la tête de proue
Et le vent sympathique s'en vient la ramasser
Pour la ramener d'un souffle voir la terre en-dessous
La pression devient forte, et P'tite goutte s'y résout
Elle ne peut que chuter vers les coteaux humides
Mais à peine arrivée déjà le sol est mou
Elle s'engouffre sans lutter vers le fond d'une ride
Elle s'en va prendre un bain avec une vieille copine
Dans cette nappe phréatique elle retrouve des amies
Enfin elle se rapproche de sa vie en ravine
Elle ressent la forêt juste au-dessus d'ici
La capillarité fait alors charité
Et P'tite goutte retrouve enfin son pré à la montagne
La douceur de la bise qui vient la chatouiller
Lui confirme qu'elle est à la campagne
Elle dévale de nouveau les côtes assoiffées
En sachant qu'à nouveau elle s'éloigne de chez elle
Peut importe le temps elle sait devoir retrouver
Au bout d'un bon moment cet Eden éternel